Depuis quelques jours, le débat fait rage autour de cette (petite) réforme de l’orthographe mais au fond, pourquoi cette réforme est chouette et on devrait en être fier ?
Parce qu’elle prouve que nous sommes vivants !
Je vais commencer par citer les premières lignes présentes sur le site de l’Académie Française : « Le français est une langue romane. Sa grammaire et la plus grande partie de son vocabulaire sont issues des formes orales et populaires du latin, telles que l’usage les a transformées depuis l’époque de la Gaule romaine. »
Pourquoi cette citation ? Parce que refuser le changement c’est aller contre l’histoire même de notre langue. Ce que nous utilisons chaque jour est issu d’une métamorphose et nous en sommes heureux (et vous vous battez aujourd’hui pour elle…). Il serait temps de lire la Défense et illustration de la langue française… Pardon… La Deffence et Illustration de la langue françoyse.
Il ne faut pas voir ces évolutions comme un appauvrissement de la langue, bien au contraire. Il est évident que toutes les orthographes improbables ne seront pas « correctes » au regard de l’orthographe validée par les experts du dico. La langue suit les usages qu’on fait d’elle.
Nous retombons dans une lutte qui a existé en 1694 contre l’Académie Française, contre son dictionnaire, contre son évolution !
« Depuis la première édition du Dictionnaire de l’Académie, qui représentait déjà un effort normatif sans précédent, l’orthographe s’est considérablement transformée, tant du fait d’une évolution naturelle que par l’intervention raisonnée de l’Académie, des lexicographes et des grammairiens. La réflexion sur l’orthographe doit tenir compte de données multiples et souvent contradictoires, comme le poids de l’usage établi, les contraintes de l’étymologie et celles de la prononciation, les pratiques de l’institution scolaire, celles du monde des éditeurs et des imprimeurs, etc. » nous explique encore ma chère Académie Française qui est justement là pour protéger une langue qui évolue.
Il faut savoir prendre de la hauteur et comprendre le changement.
Depuis que nous essayons de « figer » la langue et ce depuis 1694, les débats font rage. Ces photographies linguistiques mettent en lumière des usages, des usages qui font partie de notre quotidien, de notre richesse, de notre patrimoine. Ces shootings de langue française nous font comprendre qu’il y a eu des changements et le changement c’était hier et ça sera demain. C’est un peu comme quand vous regardez une photo de vous à 20 ans puis à 35, le temps aura fait son travail et sans que vous vous en rendiez compte, votre petite tête aura été métamorphosée. Notre langue, puisque nous sommes tous une partie d’elle, est le visage de notre société, on aura beau essayer de mettre du botox sur nos accents circonflexes et du collagène sur le « i » de oignon (que tout le monde prononce [ognon]…) la langue évoluera…
Mais alors, c’est quoi ce qui (vous) gêne ? C’est votre peur de l’engagement ? Un peu comme votre couple, vous avez peur de passer devant le maire et que ça soit acté ? Parce que oui, cette réforme est juste une formulation textuelle de notre usage de la langue.
Autour de ce débat me vient une question « qu’est ce qu’une langue ? ». Une langue est le miroir d’une société. Je cède la parole au TLFi :
« Langue : Système de signes vocaux et/ou graphiques, conventionnels, utilisé par un groupe d’individus pour l’expression du mental et la communication. » , cette définition est à confronter à celle qui tend à gagner si nous refusons cette réforme :
« Langues anciennes, mortes. Langues qui ne sont plus en usage. »
Une langue vit à un instant T et doit-elle se figer pour l’éternité ? Comment allons-nous transmettre une langue riche à nos enfants ? Depuis des siècles et des siècles, cette langue évolue, vous sentez-vous pauvre quand vous parlez français ? Pour les frondeurs du XVIIeme, nous sommes certainement perçus comme des SDF de la lexicologie, mais pour autant vous trouvez les mots pour parler d’amour, de passion, de chaque micro chose qui croise votre quotidien.
Alors pourquoi ce débat devient gênant ? Si j étais quelques peu énervée, je dirais que ceux qui en parlent le plus sont ceux qui en savent le moins… Alors on va dire que vous avez simplement peur que vos lettres d’amour d’ado ne paraissent trop démodées quand vos petits enfants les liront, quelle coquetterie !
Si jamais ça ne vous plait pas qu’une langue évolue, il vous reste toujours le latin <3